1 mai 2007
stratégie n°12 : soyons désinvolte, n'ayons l'air de rien
Que faire, quand il pleut des pierres et que tout va de travers ?
Cher lecteur, une fois n'est pas coutume, je serai exceptionnellement sobre : disons qu'entre ma petite santé qui ne cesse de décliner et les emmerdements courants qui ne cessent de s'amonceller, tout va mal.
Mais bon, ce n'est même pas mon genre. Etant d'un naturel bête et discipliné et vouant un culte ridicule au sens des responsabilités, je vais rester sur le pont et continuer à écoper. Coûte que coûte.
Il m'est venu à l'esprit que peut-être si je pouvais appliquer la désinvolture à l'ancienne, ça irait mieux. J'ai toujours voué une admiration sans bornes pour ces personnes d'esprit qui arrivaient à faire de bons mots dans les pires situations. Malesherbes par exemple, aurait dit en trébuchant sur les marches de l'échafaud "Aïe. Mauvais présage". Voilà au moins qui a du panache et je ferais bien d'en prendre de la graine...
Ou alors, je pourrais aussi appliquer la méthode du 'dialogue à la Wodehouse'. Le dialogue à la Wodehouse - dans les Jeeves en particulier - est toujours un grand moment de distanciation britonne. Exemple :
Moi - Bonté divine, Jeeves! N'est-ce pas une formidable humidité ascensionnelle que je détecte là, dans ce mur mitoyen ??
Jeeves - Cela y ressemble fort, en effet, Madame.
Bibi - Jeeves, j'ai les pires soupçons. Il se pourrait bien que les toutes les eaux de gouttière du voisinage se soient donné le mot pour se précipiter dans ce mur et infester l'hygrométrie de mon salon. Tout à fait le genre de pétrin que tout le monde cherche à éviter à tout prix, quoi!
Jeeves - C'est incontestablement une situation qui ne manque pas de présenter des inconvénients, Madame.
Mézigue - D'autant que je me suis laissé dire que le voisin en question habite en ce moment à Ouagadougou. C'est bien ma veine !
Jeeves - Un bien beau pays, cependant, Madame.
De découvertes en découvertes - Ah oui ? Dites donc, Jeeves, n'est-ce pas curieux ce puits perdu, là, au milieu de mon salon ??
Jeeves - Ne dit mot. Dans son visage imperturbable le sourcil gauche se relève légèrement.
La même - Ça alors ! C'est donc le lave-mains des commodités qui se déverse ainsi tout de go dans un trou dans le salon ?? Mais Jeeves, cette installation sanitaire est tout bonnement infernale !
Jeeves - Pour le moins surprenante, Madame. Si j'osais, j'affirmerais que nous tenons là une intéressante curiosité dans l'Art de la Plomberie.
Finalement, c'est une très bonne idée de m'apprêter à démolir la moitié de cette baraque. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. Enfin, si l'on m'en donne le droit (Le dossier est actuellement aux monuments-z-et-sites. Ils se grattent l'occiput pour savoir si mes châssis en alu rouge sang-de-boeuf font partie du patrimoine régional, probablement). Soyons désinvolte. N'ayons l'air de rien.
une petite grodulerie, en passant
C'est donc avec un sentiment de culpabilité monumental que je vole des quarts d'heures subreptices pour me consacrer à La Chaussette, dernier bastion de réconfort en ce bas monde. Et je suis pas peu fière d'avoir réussi a terminer un nouveau modèle exclusif à col trompette.
Jusque là je m'en étais toujours tiré pour faire entrer mon mollet-de-chasseur-alpin avec-complication-veineuse en utilisant la méthode de feignasse qui consiste à augmenter le numéro d'aiguille entre le pied et le mollet. Mais il semble qu'un beau jour, compter sur l'extension déraisonnable du col sur le même nombre de mailles que celui de la cheville, devient un exercice auquel même les lois physiques les plus bienveillantes refusent d'obtempérer. Si t'as le mollet gras, des mailles ajouteras.
C'est ici que la bidouilleuse impénitente qui improvise avec un motif sans patron se résout à défaire et à refaire, mais au bout du compte je suis arrivée à ajouter une poignée de mailles sur le mollet et à produire, Ô merveille, mes premières chaussettes galbées. Oïe.
Elles sont un peu ridicules au repos avec leur col trompette, mais une fois portées, je suis contente. C'est aussi la première fois que je fais un authentique talon en rangs raccourcis, sous les indications diligentes de Mme Priscilla Gibson-Roberts, et le résultat est ma foi fort joli. J'adore le look "fini d'usine" (ne soyons pas à une contradiction près) et de ce point de vue, le talon raccourci est imbattable. Avec un peu de traficotage dans les jointures, le problème du trou est facilement comblé. Je suis conquise.
Ce talon n'a qu'un seul défaut à mon goût : en suivant les indications à la lettre, les coins sont un peu carrés. J'ai donc repris les mailles entourées deux fois de suite sur le même rang, une fois sur le premier rang endroit, une fois sur le premier rang envers, au moment d'attaquer les "rangs rallongés". Ça marche pas mal et permet d'arrondir les angles.
Les pelotes et le livre de Priscilla m'ont été données en cadeau par un très généreux sponsor qui se reconnaîtra...
J'adore, j'adore cette couleur! C'est ma Regia multicolore préférée, j'envisage de faire une razzia sur les fonds de stock. Parce qu'enfin c'est bien gentil d'engager Kaffe Fassett sur la nouvelle collection, mais laissez-nous nos classiques, quoi! (Est-ce qu'ils suppriment des couleurs chez Regia? Quelqu'un sait??)
Etant finalement une personne routinière, j'ai remis sur les aiguilles la paire en bambou de l'année passée qui, je confirme, est super douillette à porter en été. Bon, c'est nettement moins amusant de refaire un modèle qu'on a déjà réalisé plutôt que de partir à l'aventure avec des augmentations en jeté libre, mais là c'est carrément l'effet du tricoté main : les orteils réclament leur dû. "J'en veux encore!!"
Sur ce, je m'en retourne à des choses nettement moins agréables mais beaucoup plus nécéssaires. A la prochaine et bon tricot printanier à toutes !
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